Hommage
de Catherine Trautmann à Edouard Boubat
30 juin 1999
Je viens d'apprendre avec une très
vive émotion la disparition d'Edouard Boubat, ce grand photographe
qui avouait avoir vu "tellement de guerres, tellement
d'horreurs" qu'il a souhaité "arracher au monde autre
chose".
Edouard Boubat, tout comme son ami
Robert Doisneau, a conservé de son passage à l'Ecole Estienne la
patience, l'esprit d'observation, la finesse du trait et par-dessus
tout le goût pour les subtiles vibrations de la lumière.
Grand reporter, il a parcouru le
monde en refusant la haine et la violence, toujours à la recherche
d'une rencontre privilégiée, de l'instant immobile et de la
tendresse.
Ce "correspondant de
paix", comme le surnommait Jacques Prévert est devenu au fil
du temps le complice de nombreux artistes ou écrivains - Hantaï,
Michel Tournier ou Christian Bobin - avec lesquels il composait
d'inoubliables ouvrages consacrés à des pays où l'on communique
dans le silence, à des régions où le temps semble suspendu, à
des enfants encore empreints d'innocence.
Rien de tapageur dans l'œuvre de
Boubat, mais cette certitude que l'harmonie est éternelle, les
paysages tranquilles et les femmes sensuelles.
La photographie ne se prend pas,
avait-il coutume de dire, elle est échange, et ce sont ces échanges
merveilleux qu'était venu récompenser le Grand Prix National de la
Photographie.
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