Depuis le début des années 50, Édouard Boubat occupe dans la photographie contemporaine la place du voyant candide dont le regard retient la beauté toute simple des images de la vie. A Paris, au Portugal ou en Inde, pour lui chaque photo est une aventure, une rencontre, "un cadeau". "Le photographe a toujours l'oeil sur l'infini" avoue t-il "et peut-être qu'une photo m'attend".


 

Le temps et l'instant:

Le photographe nous offre de jouer avec la lumière. L'espace et le temps est brisé quand on photographie une plante toutes les heure; en projetant les photos les unes après les autres, nous voyons la plante germer, pousser, fleurir. Le miracle de cette évolution devient visible, patent. En fait le temps, d'apparence continue, a été retenu par la photographie.

L'image des astres disparus nous parvient encore après des années-lumière. On peut donc rêver à photographier le passé. Quelqu'un courant plus vite que la lumière pourrait même photographier le future........

Mais c'est là jouer jouer avec les paradoxe de la lumière et du temps.

Edourd Boubat. "La photographie". Le livre de poche.1985


Hommage de Catherine Trautmann à Edouard Boubat
30 juin 1999

Je viens d'apprendre avec une très vive émotion la disparition d'Edouard Boubat, ce grand photographe qui avouait avoir vu "tellement de guerres, tellement d'horreurs" qu'il a souhaité "arracher au monde autre chose".

Edouard Boubat, tout comme son ami Robert Doisneau, a conservé de son passage à l'Ecole Estienne la patience, l'esprit d'observation, la finesse du trait et par-dessus tout le goût pour les subtiles vibrations de la lumière.

Grand reporter, il a parcouru le monde en refusant la haine et la violence, toujours à la recherche d'une rencontre privilégiée, de l'instant immobile et de la tendresse.

Ce "correspondant de paix", comme le surnommait Jacques Prévert est devenu au fil du temps le complice de nombreux artistes ou écrivains - Hantaï, Michel Tournier ou Christian Bobin - avec lesquels il composait d'inoubliables ouvrages consacrés à des pays où l'on communique dans le silence, à des régions où le temps semble suspendu, à des enfants encore empreints d'innocence.

Rien de tapageur dans l'œuvre de Boubat, mais cette certitude que l'harmonie est éternelle, les paysages tranquilles et les femmes sensuelles.

La photographie ne se prend pas, avait-il coutume de dire, elle est échange, et ce sont ces échanges merveilleux qu'était venu récompenser le Grand Prix National de la Photographie.